L’olivier
Arbre tourmenté et majestueux emprunt de multiples couleurs aux facettes différentes suivant les heures de la journée. L’olivier a servi de source d’inspiration à de nombreux peintres comme notamment l’un des plus illustres d’entres eux Vincent Van Gogh. Il a su créer une toile intitulée « Champ d’oliviers à Saint-Rémy novembre 1889 », Toile qui se trouve à Otterlo musée Dröller-Müller en Hollande ou décrire l’olivier par le témoignage de lettres qu’il nous a laissées, écrites à son frère Théo, dont voici un extrait de l’une d’elle.
29 avril 1889 « A, mon cher Théo, si tu voyais les oliviers à cette époque-ci ….le feuillage vieil argent et argent verdissant contre le bleu. Et le sol labouré orangeâtre. C’est quelque chose de tout autre que ce qu’on en pense dans le nord, c’est d’un fin, d’un distingué ! C’est comme les sols ébranchés de nos prairies hollandaises ou les buissons de chênes de nos dunes, c’est – à – dire le murmure d’un verger d’oliviers a quelque chose de très intime, d’immensément vieux. C’est trop beau pour que j’ose le peindre ou puisse le concevoir ».
En plus de son coté esthétique, l’olivier était une des bases de l’économie locale et la culture a toujours tenu une place de choix.
En 1939, Labeaume ne possédait-elle pas 6 300 pieds d’oliviers répartis sur l’ensemble de notre commune. C’est un arbre peu exigeant à la fois sur la qualité du sol et de l’arrosage. Il a été cultivé dans tous le Bas-Vivarais jusqu’au terrible mois de février de l’hiver 1956. Ces intempéries ont donné un coup d’arrêt brutal à sa culture et entraîné la fermeture des moulins. A l’heure actuelle seuls deux moulins sont en activité sur l’ensemble de l’Ardèche, alors que quarante fonctionnaient vers 1930. Mais les souvenirs conservent encore d’autres terribles hivers qui furent fatal à l’olivier tels ceux de 1709, 1789, 1819, 1890, 1929, et le plus proche en 1985.
L’olivier renaît ici et là en culture ou comme arbre d’ornement. Il existait déjà à la préhistoire, un noyau d’olive à été trouvé lors des fouilles du site de Chamontin. De nouveaux plans ont été importés par les Phéniciens ou les Carthaginois puis les Grecs, afin d’améliorer les variétés existantes. Arbre bien répandu et fortement commercialisé par les romains puis avec l’implantation des monastères, l’olivier s’étendit dans tous les secteurs qui pouvaient l’accueillir. Il a bravé toutes les périodes de l’histoire et fût hautement vénéré comme c’est toujours le cas malgré ses déboires. Durant l’antiquité il fut désigné l’arbre de légende, emblème des dieux, voué à Isis en Egypte, à Athéna en Grèce, à Minerve chez les Romains et symbole de paix et de réconciliation, de fécondité, et de gloire.
Il est encore fêté de nos jours en Provence, ainsi qu’au Vans, fin juillet. Il existe plusieurs confréries des chevaliers de l’olivier.
Arbre de la famille des oléacées originaire d’Asie Mineure, il se reconnaît à son feuillage vert cendré légèrement blanchâtre et soyeux sur sa face inférieure, à ses reflets argentés. Les feuilles persistantes, coriaces et lisses sont adaptées aux conditions arides. Les fleurs blanchâtres, forment des grappes courtes, les fruits sont ovoïdes et charnus, la peau est lisse. A l’intérieur se trouve un noyau extrêmement dur qui protège la ou les graines. L’olivier a un aspect tortueux, il peut mesurer de 12 à 15 mètres, dimension qu’il atteint fort rarement, généralement la hauteur se situent de 2 à 3 mètres. Son tronc se prolonge dans la terre, par la « gougue » d’où partent les multiples racines étalées en faisceau tout autour du pied. Cette souche est très résistante. L’olivier peut vivre jusqu’à 1500 ans, ne dit-on pas que le plus vieux est à Athènes et aurait été planté par Socrate. Le plus ancien de France semblerait être celui de Beaulieu, situé près de Nice, il aurait plus de mille ans. Son tronc mesure 12 mètres de circonférence à sa base pour une hauteur de 3 mètres, par contre le plus âgé connu à Labeaume se trouve au quartier des blaches à Chapias. Il s’accommode d’un sol aride demandent peu de soins sinon qu’il faut surveiller sa taille. Les variétés les plus représentatives pour Labeaume sont La négrette, la noirotte, la blanche ou blanchette l’aubaine, la pichouline et la rougette, la plus fréquente assurant une bonne quantité et qualité d’huile.
Arbre nécessitant peu de travail, on le piochait et on l’enrichissait de fumier une ou deux fois par an en hiver car c’était une période propice pour avoir du temps libre. Les oliviers étaient taillés légèrement tous les ans en supprimant le bois mort, tous les deux à trois ans s’opérait une taille sévère. On disait qu’une hirondelle devait voler en son centre sans toucher les branches. On n’hésitait pas à donner un coup de sécateur sur les branches les plus hautes, ou les plus basses, lors du ramassage des olives ce qui permettait de prendre un peu d’avance sur la taille.
Les greffes étaient nécessaire, car un arbre non greffé produisait seulement tous les trois voire cinq ans, des olives plus petites rendant moins d’huile. Notre célèbre agronome Olivier de Serre dans son fameux livre « Théâtre d’agriculture » nous décrit si bien l’olivier: « plaisir que la beauté de sa ramure, de non vulgaire couleur verte, est d’ autant plus agréable que malgré l’hiver, telle se conserve toute l’année ». Il nous décrit aussi très bien l’art du greffage. La greffe se pratiquait à la floraison fin mars début avril par écusson, de préférence par temps sec avec un petit vent du nord, en fin de lune vieille. Si la greffe s’avérait réussie on supprimait tous les branchages son greffés l’année d’après ce qui stimulait
l’arbre et lui permettait de pousser très rapidement assurant chaque année une production plus ou moins importante suivant le climat à la floraison, car la pollinisation est très délicate.
Du ramassage à la taille
Dicton : Ne m’appelle pas « olive » avant de m’avoir cueillie.
Un olivier d’une façon générale, s’installe de 1à 7 ans, de 7 à 35 ans à la fois grandit et donne de plus en plus de fruits. De 35 à 150 ans il produit d’une façon constante et régulière. Au delà il vieillit et le rendement s’en trouve diminué. Il faut faire une taille sévère afin de le régénérer.
Les olives ont toujours été ramassées à la main. Le ramassage s’étendait généralement de novembre à décembre. Les olives au fur et à mesure de leur ramassage étaient stockées environ deux à trois semaines avant d’être portées au moulin, empilées sur une épaisseur qui pouvait parfois atteindre 20 cm, elles étaient souvent brassées pour éviter le risque de moisissure.
Un fois la récolte ramassée il fallait la porter au moulin.
MM. J.C. Fialon et G. Marron
Bulletin municipal de Labeaume, » Le Labeaumois « , mars 1999, n°9