Les moulins à huile

Les moulins à huile d’olive de Labeaume

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Ces petits monuments vulnérables changent facilement de lieu, leur histoire est très mal connue et les écrits s’y rapportant sont fort rares.

Seize ont été recensés sur la commune de Labeaume, mais il va de soi qu’ils n’ont pas tous fonctionné à la même époque.

Un d’entre eu est antérieur à la révolution car mentionnée, Cependant trois autre semble fort ancien Linsolas, St Martin, La grangeasse.

La révolution supprima les privilèges. Depuis cette époque se multiplièrent les moulins privés.
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Ces moulins sont généralement communs à plusieurs personnes membres de la famille et parfois entre proches voisins.

Les pressoirs utilisés étaient généralement de simples pressoirs à vin parfois scellée sauf pour deux d’entre eux, Poucholle et le Sablas.

Le moulin

Un fois la récolte ramassée il fallait la porter au moulin.
Jadis le seigneur en a détenu le monopole, il a entretenu et fait fonctionner le moulin à ses frais. Le paysan a été tenu de l’utiliser avec obligation de donner un vingtième ou un trentième de l’huile suivant les conventions seigneuriales ainsi que l’abandon de la totalité de la pâte issue de l’écrasement des olives. Aussi le seigneur a laissé aller une certaine défectuosité au pressoir.

moulins3La précieuse récolte était en principe, portée dans le courant du mois de décembre car la coutume exigeait d’avoir de l’huile de l’année sur sa table pour la fête de Noël. Les olives sont déposées dans la cuve en pierre qui peut en contenir de cinquante à deux cents kilos suivant le modèle. Les olives étaient écrasées et réduites en pâte à l’aide d’un rouleau de pierre conique plus ou moins gros suivant l’importance de la cuve et de l’animal qui l’actionnait en tournant autour. Mais le système pouvait être actionné par la force hydraulique tel celui du Sablas, mais également suivant les époques son fonctionnement pouvait être à essence ou électrique. Il fallait veiller à ce que les olives soient toujours repoussées au centre. Souvent cela se faisait à l’aide d’un fer accroché et traîné par le broyeur qui remuait et repoussait vers le centre de la pierre la pâte en cour d’écrasement. Cette étape est délicate car il ne faut pas broyer le noyau mais le râper par petites étapes pour éviter d’écraser la graine à l’intérieur, car l’huile risquerait de devenir amère. Cette huile si précieuse se tient uniquement sous la peau de l’olive. Cette phase d’écrasement durait environ 30 à 45 minutes. Le liquide obtenu s’écoulait par un trou emménagé dans la pierre. moulins5

Une fois les olives entièrement écrasées, cette pâte obtenue était mise dans des cornus en bois pour être transportées dans la salle où se trouvait le pressoir. Elle est ensuite transvasée dans des paniers en toile de jute tressés, appelés « cabas, couffins », qui peuvent contenir entre sept et neuf kilos suivant les cas. Percés en leur centre, ils sont ensuite enfilés dans la barre centrale du pressoir. Au fur et à mesure de leur installation sur le pressoir, ils étaient arrosés abondamment d’eau bouillante, l’un après l’autre avant d’être pressés. On empilait généralement jusqu’à 15 couffins les uns sur les autres. Un grand chaudron en cuivre rempli d’eau était maintenu en ébullition permanente dans la même pièce que le pressoir. Il fallait beaucoup d’eau. Puis la presse se resserrant faisait jaillir la précieuse huile. Opération qui durait environ une demi-heure à trois quart d’heure. L’huile ainsi récoltée s’écoulait du pressoir dans des trieurs en fer au nombre de trois, pour le moulin de Poucholles. Soumis à un deuxième pressage, après avoir sorti chaque couffin de la presse pour en remuer la pâte. Ensuite chaque oléiculteur récupérait son huile en la transvasant des trieurs métalliques dans des bonbonnes en verre à l’aide d’une poêle « sorte de grosse louche » ce qui permettait un transport plus facile jusqu’au domicile.

Les déchets ; noyaux et peaux écrasés appelés « les grignons » restaient toujours la propriété du moulinier, qui s’en servait jadis comme aliment pour les animaux ou parfois de combustible. Mais depuis le début du XXème siècle l’ensemble des déchets était tout simplement vendu à l’entreprise Boussos-Query de Beaucaire qui l’utilisait pour fabriquer du savon de Marseille en soutirant une nouvelle fois l’huile restante, et pour finir les déchets entraient dans la composition d’engrais agricoles.

L’huile, sa conservation, son utilisation

moulins4L’huile ainsi récoltée était stockée, anciennement dans des jarres en terre cuite afin d’en assurer une conservation convenable, parfois dans des auges en pierre recouvertes d’un couvercle en bois ou plus simplement dans des bonbonnes en verre. Il fallait laisser reposer l’huile pendant quelque temps avant de la consommer. Généralement l’huile ainsi récoltée pouvait se conserver trois ans, au-delà elle devient rance. Afin de pallier à cet inconvénient on ajoutait deux morceaux de sucre par bonbonne, sucres qui restaient intacts. Il faut également éviter d’exposer l’huile à la lumière ou à la chaleur pour une meilleure conservation.moulins6

Autrefois, cette huile servait d’offrande au culte païen. Les gladiateurs s’en enduisaient le corps, le corps des défunts en étaient imprégnés. Elle servait pour des besoins de la médecine, pour la toilette ou les cheveux. Puis le christianisme l’utilisa comme sainte huile afin de pratiquer le baptême mais aussi la lumière rouge dans les églises symbolisant le saint sacrement, l’huile d’olive offerte par les fidèles. Tout système de lampe à huile était jadis alimenté par cette huile. A une époque relativement récente on s’en servait également pour des besoins vinicoles, après avoir rempli une bouteille de vin on finit le remplissage par un soupçon d’huile d’olive afin d’éviter au vin d’être en contact avec l’air pour une meilleure conservation de celui-ci. Par contre elle semblerait s’être généralisée d’une façon courante, pour la cuisine uniquement dans le courant du XVIème siècle. Avant elle fut utilisée dans des proportions très modestes et à une époque indéterminée. Elle rentre aussi pour le graissage des mécanismes de précision telles les montres, les machines à coudre et bien d’autres machines les plus diverses. Cette huile là est issue de l’huile de grignons, impropre à la consommation.

Inventaire des moulins à huile appelés « Ploumadou »

Petits monuments vulnérables changeant facilement de lieu et dont l’histoire et les écrits sont fort rares et très mal connus. Ce qui ne facilite pas leurs datations, leurs recensements s’avèrent primordiaux aussi nous a-t-il paru urgent d’entreprendre cet inventaire dont voici le résultat des seize répertoriés sur Labeaume, il va de soi qu’ils n’ont pas tous fonctionné à la même époque:
moulins7L’un d’entre eu est antérieurs à la révolution car mentionnés dans des écrits, le moulin de L’Abeille cependant trois autres semblent aussi fort ancien Linsolas, St-Martin, La grangeasse mais malheureusement pas de traces écrites connues à ce jour. La révolution supprima les privilèges. Depuis cette époque se multiplièrent les moulins privés.
A l’origine tous construits en pierre de calcaire de pays provenant de la propriété du meunier et généralement taillés sur place, l’exemple au Sauvage. Par la suite trois d’entre eux adaptèrent des broyeurs et pierre en grès car le grès était plus abrasif que le calcaire mais s’use plus vite. Ils sont appelés ploumadou nom local en occitan.
Généralement placés à l’intérieur d’une pièce couverte les moulins pouvant être fermés afin de préserver une température ambiante, mais dans quelques rares cas ont les trouve à l’extérieur, actionnés avec l’aide d’animaux qui peuvent être un âne, une mule, un cheval, ou un bœuf, ou à main d’homme, cela variant suivant la richesse de la maison.
Ces moulin servent généralement en commun à plusieurs personnes, membres de la famille et parfois entre proches voisins, à l’exception de celui du Sablas qui fonctionner à l’échelle industrielle après la révolution et celui de Poutcholle à partir de 1950.

Ils ont tous servi pour l’huile d’olive, sauf au cours de la dernière guerre mondiale ou la plupart furent utilisés clandestinement à la fois pour les olives et les céréales.
Les pressoirs utilisés étaient tous de simples pressoirs à vin parfois scellés, sauf deux d’entre eux qui étaient de vrais pressoirs à huile d’olives pour le moulin du Sablas et Poutcholle à partir de 1950.

moulins8L’ancien moulin du sablas fonctionna à l’échelle industrielle jusqu’en 1920. Il a tenu une grande importance au village, jusqu’à une date récente. Ce moulin mérite à lui seul de faire l’objet d’une étude poussée.

A l’intérieur du village, dans une habitation accessible par une calade, se trouve un moulin qui n’a semble- t-il servit que peu de temps durant ce siècle-ci.

Au domaine de l’Abeille, on découvre un moulin antérieur à la révolution. Il en est fait mention dans une reconnaissance de 1779, avec le seigneur de Joyeuse Mme de Rohans Soubise (Archive privée). Il semble avoir fonctionné jusqu’au début du siècle. Il se trouve dans une pièce couverte. moulins9

A Chapias, au centre du village, devant la maison des abbés Sévénier, se trouvait autrefois un moulin aujourd’hui transporté au quartier des Blaches. Il se trouve a l’extérieur comme jadis et n’a jamais fonctionné de ce siècle.

A Linsolas, on trouve un moulin qui semble fort ancien, mais qui ne fonctionne plus depuis la fin du siècle dernier. Ce moulin se trouvait dans une petite grange du mas, aujourd’hui transféré dans la cour intérieure d’une maison voisine.moulins10

A Saint-Martin, on découvre un moulin se trouvant à l’extérieur, créé à une époque ancienne semble- t-il. Il cessa de fonctionner peu de temps avant les années 1950.

A Valla, un moulin se trouvant à l’extérieur du mas n’a pas fonctionné de ce siècle.

La grangeasse, l’ancienne maison Dupuy possède un moulin à l’extérieur qui semble fort ancien. Les héritiers vendirent l’habitation à la famille Mery en 1919. moulins11Le nouveau propriétaire utilisa la pierre jusqu’en 1926, date à laquelle il s’associa avec Mr Victor Dupland et créa un nouveau moulin à huile. Son socle en pierre taillée du pays est surmonté d’une paroi cylindrique en bois de chêne d’environ un mètre de haut. Le broyeur est en pierre moulins12de grès, actionné avec un moteur à essence qui entraînait un système de pignon en fer. Le mécanisme fut installé par Mr Marchand de Ruoms qui eut quelques difficultés au début mais les problèmes furent vite résolus. Dans une pièce annexe fut installé le pressoir à vin scellé comportant la date de 1927. On soulevait le haut de la vis à l’aide d’une poulie reliée à une manivelle à main fixée sur le mur qui permettait de soulever l’ensemble très lourd avec plus de facilité afin de mettre ou retirer les cabas. Dans le prolongement de la presse contre le mur se trouve l’enfer, trou pratiqué dans le sol où étaient déposés des cornus en bois. Sur le côté se trouvait la chaudière pour faire chauffer l’eau. Tout cet ensemble a fonctionné jusqu’en 1956.

moulins13La Serre, l’ ancienne maison Arzalier possède un moulin créée sans doute vers la fin du siècle dernier par cette famille. Il cessa définitivement de fonctionner en 1914 pour cause de mobilisation où le fils trouva la mort. Le moulin à été vendu et sert maintenant d’élément décoratif dans un jardin d’une maison de Chapias.

 

moulins14Au Puech, un moulin a été créé par la famille Bertrand au début du siècle. Suite à une faillite leur maison fut vendue pour être achetée par la famille Victor Dupland qui utilisa le moulin jusqu’en 1926 date à laquelle Mr Dupland s’associa avec Mr Mery. La pierre, se trouvant à l’extérieur, de petite taille comporte de petits trous à distance régulière sur le rebord, ce qui atteste la présence d’une galerie en bois posée lors de son utilisation afin d’éviter la chute des olives.

A Postefabre un moulin fut créé au siècle dernier par la famille Perbost dit « le Perbousset ». Suite à une faillite cette maison fut vendue et achetée par la brasserie Hugon – Payan qui la revendit à la famille Dupland. La pierre à huile fut détruite, au début du XXème siècle. Le moulin n’a jamais fonctionné.

La Lauze. Le moulin fut construit par Mr Dupland en 1910, se trouvant à l’intérieur d’une pièce. Son gendre Mr Maigron apporta des modifications en 1936. Un moteur à essence fut installé afin d’entraîner le broyeur ainsi que le pressoir à vin. Le moulin fut entouré d’une paroi cylindrique en bois de chêne cerclée. Le broyeur et le moulin ont été remplacés par un autre moulin acheté d’occasion en grès provenant de la propriété Besset de Laurac daté de 1824. Ce nouveau moulin a été enchâssé dans l’ancien en pierre de calcaire. Le moulin cessa toute activité en 1949. A cette date son propriétaire s’associa avec Mr Thoulouze. Le moulin a été transféré de nos jours à l’extérieur de la maison.

• A Poucholles, Le moulin en pierre a été taillé en 1920 par Mr Alphonse Vincent tailleur de métier et Mr Antoine Etienne. Il servait pmoulins15our trois familles : les familles Thoulouze, Vincent, Etienne. La pierre fut placée à gauche en rentmoulins17rant dans la cour intérieure de la maison Thoulouze par contre on trouvait le pressoir à vin à l’intérieur. On écrasait les olives à l’aide du broyeur en pierre qui traînait des griffes en fer permettant de remuer les olives en cour d’écrasement. Le tout était actionné à l’aide d’un âne dont les yeux n’étaient pas bandés. La vieille pierre fut transférée en 1950 à l’extérieur de l’habitation.
En 1950 Mr Thoulouze se modernise, il s’associe avec Mr Maigron pour créer un moulin industriel et s’inscrit au syndicat des mouliniers. Il achète une pierre en grès ainsi que le broyeur qui proviennent tous deux du moulin de Rozière et construit lui-même en adaptant une cuve à vin en bois de chêne tout autour de la pierre. Le tout fonctionne par un moteur électrique actionnant des courroies en cuir qui entraînent la pierre, pouvant broyer en cinq minutes jusqu’à 50 kg d’olives. Cet ensemble est muni d’une trappe afin de permettre d’éjecter dans une cornue la pâte broyée où celle-ci était ensuite déposée dans les cabas ou couffins. Le nouveau prmoulins16essoir actionné toujours électriquement a été acheté en 1949 à Caron dans le Vaucluse d’occasion pour la somme de 10 000 F. Il se nomme Yvette, peut contenir jusqu’à douze cabas, et provient des établissements Raud construction mécanicien à Nyons (Drôme). L’ensemble fut aménagé dans une pièce voûtée du rez-de -chaussée. L’enfer se trouvait au milieu de la salle. Le grignon était stocké sur un côté de la pièce proche d’une grande ouverture permettant de charger le camion pour son évacuation avec facilité. Les résidus du pressage étaient stockés jusqu’au dernier jour, puis acheminés par un transporteur, à une entreprise de Beaucaire « Boussos-Quéry ». Le moulin cessa toute activité après le terrible gel de 1956.moulins18

A Boudon, dans l’ancienne maison Duchamp, le moulin a été taillé par son gendre Mr Duffaut de la Tune vers 1920. Posé à l’extérieur sur un socle de pierre bâtie. Il servit jusqu’en 1948. Ce moulin est le plus petit de la commune et le seul à être actionné manuellement à l’aide d’une longue tige en fer qui s’encrait dans le broyeur et permettait de pousser celui-ci.

Au Sauvage, dans l’ancienne maison Bernard se trouve une pierre circulaire qui ne fut jamais terminée. Sans doute à cause du décès de Mr Bernard peu de temps après la guerre de 14/18, ce monsieur s’étant empoisonné après avoir consommé de la viande sèche de chèvre conservée dans un récipient en cuivre oxydé.

Aux tourettes, un moulin est installé à l’extérieur, pendant la guerre de 1940. La pierre en grès provient de la famille Besset de Laurac. Le broyeur en calcaire de pays provient du quartier des Lauzes. Ce moulin servit uniquement pendant toute la durée de la dernière guerre.

Bulletin Municipal de Labeaume,  » LE LABEAUMOIS « , Mars 1999 N°9
M.M. J.C Fialon et G. Marron